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Le FN n’a pas qu’un programme. Il dispose de relais sous la forme du collectif Racine (collectif d’enseignants frontistes) et contrôle aussi déjà des municipalités ce qui laisse entrevoir ce que serait une éducation remaniée par ses soins.

Une école du tri social au service de l’entreprise

À chaque âge, le programme frontiste resserre les mailles d’un tamis destiné à écarter une proportion croissante d’élèves de la poursuite d’étude. Premier filtre, dès 12 ans. Le FN propose une « 5e de prédétermination ». En guise de « solution concrète » aux problèmes de l’école, Marine Le Pen souhaite en effet « en finir avec le dogme du collège unique ». Au lycée, c’est la « refondation de la série S », c’est-à-dire la réduction du nombre de lycéens pouvant y accéder, qui serait mise en œuvre. Quant au baccalauréat, l’objectif est de parvenir à « une baisse du taux de bacheliers » et ainsi de limiter l’accès aux études supérieures. Pour les frontistes, tous les élèves ne sont pas éducables et l’essentialisme caractérise leur vision du monde : par nature, il y a des « bons » et des « mauvais » et il n’y a rien à y faire.lepen
Pour ceux qu’elle considère inaptes à la poursuite d’étude, Mme Le Pen propose de rétablir l’apprentissage dès 14 ans. Avec la cohérence libérale qui la caractérise, elle répond ainsi à une vieille revendication du MEDEF. Le développement de l’apprentissage est en effet pensé dans le cadre d’un « partenariat étroit avec les entreprises » visant à garantir que « l’entreprise trouve pleinement intérêt » pour « répondre efficacement à l’offre d’emploi » (proposition 18 du collectif Racine).

Guerre aux pauvres

Dans l’école du FN, les dépenses doivent être maîtrisées et les pauvres sont une charge. C’est ce que révèlent les politiques antisociales menées dans les collectivités frontistes. Au Pontet, en juillet 2014, le maire frontiste annonce la fin de la gratuité de la restauration scolaire pour les plus pauvres. À Villers-Cotterêts, en septembre 2014, les frais de restauration scolaire sont augmentés. À Mantes la Ville, l’arrivée du FN à la mairie s’accompagne de la fin de la gratuité du périscolaire.
C’est dans cette continuité que s’inscrit le collectif Racine en proposant la suspension des allocations familiales aux parents dont le comportement des enfants traduirait « un défaut d’éducation » (proposition 57). Quant à la proposition 62 du collectif Racine, prévoyant une véritable peine d’ostracisme – une mesure d’éloignement des élèves les plus difficiles dans un internant situé à au moins 100 kilomètres de leur établissement d’origine (sic) -, elle semble faire écho au programme d’expulsion généralisée des immigrés que le FN appelle de ses vœux.

Obsession anti-musulmane et dévoiement de la laïcité

À Beaucaire, en septembre 2014, le Maire s’inquiète de la présence de « 22 nouveaux enfants étrangers » sur le sol de sa commune. À Béziers, Robert Ménard engage en 2015 le recensement des élèves sur la base de critères ethniques et religieux afin d’identifier la part d’enfants considérés comme musulmans scolarisés dans sa ville. L’école du tri de l’extrême droite est aussi celle de la stigmatisation de certains élèves en fonction de leur origine géographique ou de leur appartenance culturelle supposée.
Au cœur de ce programme, la laïcité n’est évoquée qu’à des fins xénophobes et cesse d’être revendiquée dès que les intérêts de l’Église catholique sont en jeu. Ainsi, le FN ne prévoit pas de revenir sur la loi Carle et s’érige en fervent défenseur du Concordat qui permet le financement de cours de religions dans les établissements scolaires publics de trois départements français. De même, le collectif Racine s’engage à « préserver les spécificités des établissements privés sous contrats tels que définies par la loi Debré » (proposition 78).

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