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1,2 milliard : la somme qu’il faudrait débloquer pour la rénovation énergétique des lycées publics, estiment les élus d’opposition au conseil régional. Selon la majorité, le Covid a retardé les travaux.

C’était le jour de la rentrée scolaire, le lundi 4 septembre. La présidente de la Région Pays de la Loire, Christelle Morançais, était en visite au lycée Lavoisier de Mayenne, quand quatre profs ont demandé à la rencontrer. En aparté, ils lui ont lu une lettre ouverte signée de l’ensemble des personnels de l’établissement.

Ils y dénoncent l’état du site, « sorti de terre il y a 41 ans. Certaines huisseries n’ont jamais été changées. Certains bâtiments sont de véritables passoires thermiques. » La facture d’énergie a tellement grimpé qu’il devient compliqué de financer des projets. « Comment se résoudre à renoncer à une sortie pédagogique à Paris, faute de pouvoir payer le transport au bénéfice du chauffage », se désole le personnel (1).

« Pas de baguette magique »

Des lycées très consommateurs d’énergie, il y en a d’autres dans la région. Comme le lycée Touchard-Washington du Mans ou la Cité scolaire de Saint-Nazaire. « Certains ont des factures énergétiques annuelles de plus de 200 000 € », pointe le groupe d’opposition au conseil régional L’écologie ensemble (2). Ces élus ont épluché les diagnostics énergétiques des lycées publics de la région et ont compilé les préconisations chiffrées de travaux. Résultat, selon eux, il faudrait débloquer 1,2 milliard d’euros.

« Nous poursuivons la rénovation énergétique des lycées, en priorité celle de bâtiments vétustes dont nous avons hérité, rétorque Christelle Morançais. Je rêverais de tous les rénover mais je n’ai pas de baguette magique pour sortir des milliards. »

« Il est toujours commode de gérer l’argent que l’on n’a pas », ironise également le groupe majoritaire à la Région, Aimer et Agir pour les Pays de la Loire.

« La majorité ne prévoit pas, pour l’heure, d’action d’ampleur, estime de son côté Claire Schweitzer (LFI), alors qu’en parallèle, d’après nos calculs, elle n’a consommé que 60 % de l’enveloppe de 780 millions allouée aux lycées pour la période 2018-2024. » Un retard que Christelle Morançais ne conteste pas, tout en l’expliquant : « Il y a eu, souvenez-vous, un épisode qui s’appelle la crise du Covid… Partout, les investissements ont été bloqués. »

Fin 2022, la majorité régionale emmenée par Christelle Morançais indiquait consacrer la moitié du budget travaux dans les lycées à la rénovation énergétique. Et avait débloqué une aide de fonctionnement de trois millions d’euros pour les aider à payer les factures.

Confort thermique

Les élus du groupe L’écologie ensemble, eux, proposent un plan sur dix ans qui permettrait d’éviter « l’émission de 45 000 tonnes de CO2 par an, soit 3,2 % des émissions du tertiaire dans la région. Et d’avoir dans les classes un confort thermique, été comme hiver. » En clair, de ne plus relever des températures glaciales en janvier et brûlantes en période de canicule, comme c’était le cas en cette rentrée. « On débattait du port de l’uniforme, dénonce Lucie Etonno (EELV), alors qu’il faisait plus de 30° dans les classes. »

Claire DUBOIS et Emeric EVAIN.

(1) Contactée, la Région indique qu’une aide de 19 000 € va être débloquée pour aider l’établissement à payer ses factures, après une première somme de 11 000 € l’an dernier. Des travaux d’isolation thermique de l’externat et de l’administration sont en cours, et ils sont envisagés pour l’internat.

(2) Membres des partis EELV, LFI, Génération(s), Génération écologie ou issus de la société civile.

 Ouest-France, Mercredi 13 septembre 2023.

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