Les collèges publics accueillent près de 7 000 élèves. Le conseil départemental veut revoir les affectations des élèves pour rééquilibrer les effectifs tout en préservant la mixité sociale dès 2024. Pourquoi ? Comment ?
Pourquoi envisager une nouvelle sectorisation des collèges du Mans ?
Le conseil départemental, qui a en charge les bâtiments des collèges, a fait le constat qu’au Mans, certains débordent tandis que d’autres sont à la peine. « La tendance va s’accentuer d’ici dix ans, prévoit Anthony Trifaut, le président de la commission éducation. Est-ce qu’on continue à faire de gros travaux dans des collèges qui en 2032 n’auront plus que 50 % d’élèves ? » D’où l’idée de modifier la sectorisation. Autrement dit, revoir l’affectation des élèves dans un collège en fonction de leur adresse, pour rééquilibrer les effectifs.
Où en est-on ?
Le conseil départemental s’est saisi du dossier en janvier. Un bureau d’études a établi un diagnostic. Trois partenaires sont autour de la table : le conseil départemental, l’inspection académique (qui met les moyens humains) et la ville du Mans. En juin, des principaux de collèges ont été informés des projets. Les nouveaux arrivés vont l’être.
À la rentrée, reprise des discussions avec la nouvelle Dasen (Directrice académique des services de l’éducation nationale). À la mi-octobre, ce sera le tour des parents d’élèves et des syndicats.
Objectif d’Anthony Trifaut : présenter son projet (pour avis) au CDEN (Comité départemental de l’Éducation nationale) fin octobre. Il sera ensuite soumis au vote des élus du Département. « Il ne faut pas perdre de temps, car le calendrier de l’Éducation nationale est serré pour la rentrée 2024. »
Qui serait concerné ?
Il y a 14 collèges publics au Mans. Trois d’entre eux sont déjà à plus de 100 % d’occupation : la Madeleine, le Vieux-Colombier et Alain-Fournier. À cette rentrée, celui de la Madeleine a déjà été allégé : les élèves de La Bazoge l’ont quitté pour aller à Sainte-Jamme-sur-Sarthe.
Trois autres établissements sont proches du 100 % d’occupation : Costa-Gavras, Tolstoï et l’Épine. À l’inverse, Roger-Vercel, Bérengère-de-Navarre et Pierre-Gilles-de-Gennes sont en « sous-occupation ».« D’après les projections, en 2032, 12 des 14 collèges vont perdre des effectifs. »
La méthode
« On va travailler sur trois axes de déplacement des secteurs pour garder de la cohérence entre les quartiers, tout en assurant de la mixité sociale. » Au nord-ouest : Madeleine, Épine, Ambroise-Paré, Vieux-Colombier. Au sud : Joséphine-Baker, Pierre-Gilles-de-Gennes et Bérengère-de-Navarre. « On a fait de gros travaux dans les deux derniers. » À l’est enfin : Costa-Gavras, Fournier, Camus, Berthelot, Vercel et Weismann.
Un exemple ?
Pour délester Costa-Gavras, on redéfinit les frontières de son secteur pour qu’une partie de ses élèves aille à Fournier. Mais comme celui-ci est déjà bien plein, on modifie également son bassin de recrutement et des élèves de Fournier vont à Camus. Et de là, d’autres partent sur Berthelot et Vercel.
Quid de la mixité ?
« La mixité sociale dépend avant tout de l’aménagement de la ville. Des choix ont été faits par le passé de rassembler des gens un peu plus défavorisés dans les mêmes quartiers », estime Anthony Trifaut.
Et puis, ajoute-t-il, « mettre dix élèves d’une autre commune dans un collège de 450 élèves d’un même quartier, ça ne modifie pas la mixité. Et il faut être prudent. Ces collèges de REP et REP + bénéficient de plus de moyens. Si on saupoudre les élèves à droite à gauche, on améliore les indicateurs, mais on peut perdre des moyens. »
Enfin, l’élu poursuit : « La mixité n’est pas que géographique. » En proposant des activités attractives dans des collèges, (par exemple la section foot d’Alain-Fournier), « on peut attirer des élèves extérieurs au quartier ».
Une fermeture de collège est-elle envisageable ?
« Aujourd’hui, ce n’est pas dans le scénario de la sectorisation, affirme Anthony Trifaut qui se dit très attaché à l’équilibre territorial et à la proximité ». Il « préfère 400 élèves que 600 dans un collège pour garantir de meilleures conditions d’apprentissage, mais il faut aussi prendre en compte les réalités du terrain ». Le jour, où il y aura « fusion de collèges (je ne parle pas de fermeture), il faudra maintenir les moyens. Pour éviter des fuites massives vers le privé. »
Laurence PICOLO, Ouest-France, vendredi 15 septembre 2023