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Le compte à rebours est lancé pour les élèves de seconde, qui doivent effectuer deux semaines de stage en juin. Un nouveau dispositif qui suscite encore des questions.

« Tu as trouvé ton stage ? » Le sujet anime les conversations des élèves de seconde. Du 17 au 28 juin, 560 000 lycéens des filières générales et technologiques devront effectuer une « séquence obligatoire d’observation en milieu professionnel » dans une entreprise, une association ou une collectivité. « J’ai envoyé plein de CV. Pour le moment, c’est mort, stresse Léo, Finistérien de 17 ans qui songe à devenir kiné. Sinon, mon coach de foot a proposé que je l’assiste pour les entraînements… »

Élève à Rennes (Ille-et-Vilaine), Mona, elle, a trouvé son bonheur au bout d’un mois et de « nombreux mails sans réponse » : « Finalement, c’est la mère d’une amie, avocate, qui m’a permis de décrocher mon stage dans son cabinet. »

À l’initiative de cette réforme lorsqu’il était ministre de l’Éducation nationale, Gabriel Attal ambitionnait de « reconquérir le mois de juin ». « Sur le principe, c’est pertinent, cela permet aux élèves de faire leurs premiers pas en entreprise, de mûrir un projet d’orientation, commente Gwenn Thomas-Alves, de l’Union syndicale lycéenne. Mais tous les stages vont se dérouler sur une fenêtre de deux semaines, ça risque de bouchonner. »

L’échéance approche, et pourtant les professeurs « sont encore dans le flou », s’étonne Sophie Vénétitay, du SNES-FSU. « Sur le terrain, c’est la grande débrouille, raconte la syndicaliste. Jusqu’à récemment, les élèves s’interrogeaient : faudra-t-il écrire un rapport de stage ? Est-ce que ce sera noté ? »

Le ministère de l’Éducation a levé les doutes : les stages ne compteront pas dans les bulletins, et aucune synthèse ne sera réclamée. Quant aux entreprises, elles sont invitées à pu- blier leurs offres sur la plateforme 1 jeune, 1 solution, par le biais de laquelle les lycéens pourront candidater à partir du 25 mars. À l’échelle territoriale, les sites du Medef ou des conseils régionaux répertorient également les annonces.

L’importance du réseau

En cas de recherche infructueuse, il reste le bouche-à-oreille. Une solution qui bénéficie surtout « aux enfants dont les parents ont du réseau», note Sophie Vénétitay.

Une vingtaine d’années après le lancement des stages en classe de troisième, peu d’enquêtes ont été menées pour mesurer leur efficacité. Mais l’Institut national de la jeunesse et de l’éducation populaire (INJEP) confirme que les élèves issus de familles aisées profitent de leur réseau pour des stages qui correspondent davantage à leur projet d’orientation, bien plus que les enfants des milieux populaires.

« Encore faut-il trouver un stage », remarque Sébastien Vieille, du Snalc, syndicat enseignant : « Comment va-t-on occuper les lycéens qui n’auront rien ? En juin, on sera en pleine correction du bac… Je crains qu’on fasse garderie. »

Dans un entretien à Ouest-France en janvier, la ministre de l’Éducation Nicole Belloubet se montrait rassurante : les ados restés sur le carreau « ne seront pas sanctionnés ». Audrey Chanonat, qui représente les chefs d’établissement au Snpden-Unsa, partage, elle, une autre crainte des proviseurs : « Il faut voir la répercussion sur les lycées professionnels. Les élèves pourraient pâtir de cette nouvelle concurrence sur le marché des stages. »

Ouest-France, samedi 16 mars

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