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Pour recruter des ensei­gnants, les recteurs et les chefs d'établissement en sont réduits à faire leurs cour­ses à Pôle emploi, sur « lebon­coin.fr » et dans les petites an­nonces de la presse régionale ou gratuite. Ils n'ont pas le choix. Leurs effectifs sont pleins de trous et, partout, les remplaçants manquent à l'appel.

Motif de cette pénurie : les coupes sauvages, qui, depuis la rentrée 2007, ont amputé l'Edu­cation de 65 000 postes. Mais aussi une sérieuse désaffection pour le métier d'enseignant. Le 8 octobre, le ministère a communiqué les chiffres du dernier concours de professeur des écoles (ex-instituteur) : ils n'étaient que 18 734 candidats pour 5 000 postes à pourvoir en 2012. Il y a deux ans, le nombre de prétendants dépassait 37 000. Et, il y a cinq ans, 53 000...

Au moins toutes les places disponibles seront-elles occupées par les mieux classés. Ce qui n'est pas le cas dans les collèges et lycées. A l'issue du capes de 2011, près d'un millier de postes sont restés vacants, faute de candidats d'un niveau suffisant. En lettres classiques, le nombre d'étudiants présents le jour du concours était inférieur à celui des emplois offerts.

En maths et en anglais, les admissibles étaient à peine plus nombreux que les postes à pourvoir. Mais, à l'issue des oraux, les notes des derniers qualifiés n'étant pas toujours à la hauteur, les jurys les ont refusés. Du coup, il manque 131 anglicistes et 376 matheux. Pour ces derniers, la pénurie ne cesse de s'aggraver. Le nombre de postulants au concours a été divisé par trois en quinze ans !

Profs rustines

C'est peu dire que la cam­pagne de pub lancée à grands frais (1,35 million) par le mi­nistre en juin,
« L’Éducation nationale recrute », n'a pas été un triomphe. « Le métier attire de moins en moins, constate Daniel Robin, secrétaire général du Snes, premier syndicat enseignant du secondaire. Les conditions de travail ne s'arrangent pas et la profession est sans cesse mise en cause au plus haut niveau (programmes, horaires de travail, pédagogie). »

Sans oublier les salaires, qui sont parmi les plus maigres d'Europe. Un prof débutant dans un lycée espagnol gagne 60 % de plus qu'un Français. Un Allemand, le double. Après avoir relevé le niveau d'études nécessaire pour enseigner, le gouvernement n'a augmenté que de 157 euros par mois le traitement d'un quart de la profession. Il faut maintenant cinq années d'études supé­rieures (trois auparavant), et le coût de ces deux ans supplémentaires dissuade les candidats issus des milieux modestes.

Ce « travailler plus pour ga­gner pas plus » n'attire pas davantage les plus aisés. Résul­tat, l'administration recourt au système D et aux solutions pré­caires. Exemple : l'académie de Créteil a recruté, selon « Libé­ration » (27/9), 500 contractuels pour assurer une rentrée sans drames. Et celle de Paris envisage d'engager des recalés du concours de prof des écoles.

Et quelques retraités désoeuvrés ?

Jean-François Julliard

Le Canard Enchaîné - 19 octobre 2011

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