bannière site snes72

 

Les enseignants ont commencé à rédiger une lettre à destination du proviseur de l'établissement.
Les enseignants ont commencé à rédiger une lettre à destination du proviseur de l'établissement.

Hier, les professeurs du lycée, très choqués par l'agression d'un de leurs collègues par un lycéen, ont consacré beaucoup de temps à échanger. Les enseignants du pôle professionnel n'ont pas assuré les cours.

 

Un petit matin presque comme les autres devant le lycée d'Estournelles-de-Constant de La Flèche (Sarthe). Devant la grille, toutes les conversations sont alimentées par l'événement de mardi soir. « Il a vraiment pété les plombs... », commente un lycéen.

La veille, un élève de CAP de seconde a violemment agressé l'un de ses professeurs. L'enseignant, frappé par plusieurs coups de poing au niveau du visage, a obtenu une interruption temporaire de travail de onze jours.

Hier soir, le professeur a porté plainte à la gendarmerie de La Flèche.

Le lycéen, âgé de 15 ans, devrait être entendu très rapidement par les gendarmes sur les faits. Son audition pourrait même avoir lieu dès aujourd’hui.

Profs solidaires

 L'établissement fléchois n'est pourtant pas réputé pour être particulièrement violent. Une situation paradoxale soulignée par un enseignant : « Un début d'année comme celui que nous vivons, je n'avais jamais vu cela. » « Là, nous sommes vraiment choqués », racontent d'autres professeurs qui ont appris la nouvelle par mail. Tous ou presque sont d'ailleurs réunis dans la salle des profs. Les traits sont tirés, les regards presque désabusés.

La cloche vient de retentir, mais les élèves ne rentreront pas comme à leur habitude dans les salles de cours. Les enseignants du pôle professionnel ne font pas cours « par solidarité avec notre collègue ».

Comment expliquer un tel geste ? « Cet élève était connu pour son absentéisme, analyse Jean-Michel Briand, le proviseur. Nous venions de faire un signalement à l'inspection académique. »

L'exclusion définitive demandée

Quelques minutes plus tard, tous les élèves sont réunis dans le gymnase du lycée. Un message pour eux : « Le professeur agressé va porter plainte, indique le chef d'établissement. Votre camarade risque une lourde peine de prison. » Le silence gagne la salle. Exclu à titre conservatoire du lycée, le jeune homme passera prochainement devant le conseil de discipline. « Je vais y demander l'exclusion définitive », annonce d'emblée le proviseur.

Faire cours ? Dialoguer avec les lycéens ? User du droit de retrait ? Choix difficile pour les enseignants du pôle professionnel du lycée qui optent finalement pour la dernière solution. Après avoir chacun rencontré une classe l'espace de quelques minutes, ils décident de se retrouver pour poursuivre les échanges entre eux.

« Cette année, je n'ai pas peur d'aller travailler, raconte une enseignante. Mais il arrive de tomber sur des classes difficiles. Et là, c'est plus dur... »

Vincent HÉRY.

Emmanuel Roy, inspecteur d'académie de la Sarthe : « Un accident grave a eu lieu mardi soir. Hier matin, les enseignants ont pu parler entre eux et le proviseur s'est adressé aux élèves. Ces échanges me semblent tout à fait nécessaires même s'ils ne doivent pas perturber le fonctionnement du service public. Les nouvelles venant du professeur sont rassurantes. Il a porté plainte. Il a tout notre soutien. Une cellule d'écoute spécialisée se tient prête à intervenir au sein du lycée en cas de besoin. »

Ce jeudi matin, les cours ont repris normalement au lycée d’Estournelles-de-Constant, même au sein du pôle professionnel.

Ouest-France  - Edition du 11 novembre 2011

 

Le Kiosque

publi123 publi123 publi122 publi121
N° 124 N° 123 N° 122 N° 121