Nous nous étonnions de voir se multiplier dans le département les initiatives visant à "expérimenter" les évaluations sans notes.
Il se pourrait que nous tenions un élément permettant d'expliquer ce début de prolifération. En effet, le Se-Unsa (syndicat minoritaire de l'enseignement entretenant des relations privilégiées avec le gouvernement actuel) a tenu début avril son congrès au cours duquel sa secrétaire nationale Claire Krepper a affirmé péremptoirement qu'un des maux du système est la notation chiffrée, "stigmatisante, classante". Aussi le Se-Unsa a-t-il soumis aux votes des congressistes la proposition suivante : "les notes chiffrées et les moyennes doivent être supprimées à l'école primaire et au collège et remplacées par des bulletins de suivi des compétences lisibles par les parents et les élèves." Dont acte !
Moyennant quoi, le Se-Unsa réinvente le Livret Personnel de Compétence (LPC) qui permettrait selon lui une évaluation "positive, progressive des acquis des élèves". Il se trouve seulement que la mise en place de ce livret s'est avérée tellement complexe et dénuée de sens qu'elle a fait l'unanimité contre elle, y compris du point de vue de collègues qui y était favorables au départ. Ce rejet a d'ailleurs été tel que l'une des premières mesures du ministre Peillon fut d'instaurer un mode de validation simplifié pour la session 2013 du DNB avant d'en proposer une nouvelle version simplifiée par la loi de "refondation de l'Ecole".
La manoeuvre du Se-Unsa ressemble donc à une tentative de forcing allant à l'encontre de l'appréciation générale de la profession et tentant de prendre le ministère de vitesse en le mettant devant le fait accompli. Dans cette tentative le Se-Unsa peut compter sur le relai des chefs d'établissements syndiqués dans leur trés grande majorité au Snpden, syndicat affilié... à l'Unsa.
Sans être attachés aux notes de façon fétichistes, il convient de rappeler fermement que si nous avons repoussé le LPC ce n'est pas pour qu'on nous le refile sous couvert "d'évaluation sans notes" ! Il s'agit, ni plus ni moins, de la même chose à cette différence près que les grilles d'évaluation présentées par les adeptes de cette prétendue nouveauté sont encore plus complexes que le LPC ! C'est dire !
