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 Alors que nous sommes encore dans l'attente d'une orientation ministérielle claire à ce sujet, nous assistons dans le département à une nouvelle offensive concertée des chefs d'établissements pour promouvoir l'évaluation sans note voire la mise en place de classes entières sans note.

Il faut se garder en la matière de tout dogmatisme. Si la note ne peut faire l'objet d'aucun fétichisme, l'absence de note ne peut pas non plus être présentée comme une panacée.

À vrai dire dans ce débat il convient surtout de garder en tête que l'évaluation sans note est entièrement sous-tendue par la logique du Livret Personnel de Compétence, « usine à cases » rejetée par la majeure partie des enseignants. Et ce, pour plusieurs raisons :

  • pour sa lourdeur et son opacité

  • parce qu'elle fait la part belle aux compétences dites transversales au détriment des savoirs et savoir-faire disciplinaires auxquels la profession est attachée

  • parce qu'elle est elle-même sous-tendue par la logique de l'employabilité voulue par le monde de l'entreprise.

Le LPC est donc un révélateur, celui d'un mouvement plus large qui vise à subordonner l'éducation aux besoins économiques immédiats. Plus, il est le produit d'un pilotage de plus en plus grand du système éducatif par le patronat. De plus en plus grand et de plus en plus ouvertement affiché. Nos boîtes aux lettres électroniques regorgent de messages relayés par nos chefs d'établissements nous invitant à participer à telle ou telle opération mise sur pied par l'une ou l'autre organisation patronale, souvent à caractère syndical. La liste est longue, vous le savez M. le DASEN, vous l'avez vous-même obligeamment dressée.

Pour autant les appétits et les prétentions du patronat sont loin d'être satisfaits. Il ne compte pas s'en tenir là. Dans l’esprit des chefs d'entreprises, il s’agit désormais de mettre l’éducation nationale et l’entreprise presque sur le même plan. « Comment l’entreprise pourrait-elle être, à côté de l’école, avec l’école, et parfois mieux que l’école, un lieu d’émancipation, d’acquisition des savoirs, un lieu de réalisation de la promesse républicaine d’autonomie faite à la jeunesse ? », fait mine de s’interroger le Medef.

Le développement de l'alternance et de l'apprentissage est la première des portes d'entrée pour atteindre cet horizon. Et le patronat sait pouvoir compter sur une oreille attentive avec ce gouvernement qui affiche depuis des mois l’objectif de passer de 435 000 à 500 000 apprentis d’ici à 2017. Le patronat promet de son côté de recruter près de 100 000 jeunes supplémentaires en alternance. Mais il pose ses conditions : il entend bien occuper une place prédominante dans «la conception des formations, la définition de leur contenu, leur révision ou l’appréciation du besoin de compétences des entreprises sur un territoire ». Il entend même, à terme, exclure les pouvoirs publics de la définition des cartes régionales de formations professionnelles initiales.

Mais cette prise de contrôle, progressive mais que rien n'arrête pour l'instant, est dangereuse.

Tout d'abord parce qu'en dépit des belles déclarations sur « l'émancipation » et la « réalisation de la promesse républicaine », il est patent que la formation confiée à l'entreprise ne considère plus du tout l'élève comme un citoyen en devenir, conscient de ses obligations mais aussi de ses droits.

Ensuite et tout simplement parce que l'on constate déjà que la qualité de l'enseignement fait cruellement défaut dans les centres dirigés par les organisations patronales. L'indigence y est la règle et personne ne peut espérer quelque chose d'une dégradation généralisée du niveau de formation des futurs adultes, pas même les chefs d'entreprises.

 

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