Dans le brouillard
Depuis quelques années nous connaissons des préparations de rentrée qui se font dans des conditions d'incertitude totalement effarantes. Nous nous disions qu'avec le temps, l'étape de la transition toucherait à sa fin et que nous pourrions de nouveau travailler avec un peu plus de lisibilité. Que nenni : le brouillard s'épaissit. Et s'épaissit même tellement que nous perdons de vue la démocratie.
S'il n'en fallait qu'une preuve, elle résiderait dans l'organisation même de cette réunion. En effet le CTSD d'aujourd'hui est convoqué et appelé à se prononcer sur des créations et des suppressions de postes alors même que tous les CA ne se sont pas exprimés sur la question. Est-ce à dire que leur avis ne compte pas ? En va-t-il des CA d'établissement comme d'autres instances de la démocratie au travail ? Sont-ils appelés à disparaître ? Éclairez-nous Monsieur le DASEN.
Mais ceci est loin de constituer le seul point d'ombre. Il faudrait compléter la liste en évoquant :
- la pondération pour les temps partiels et les stagiaires en Rep+ et en cycle terminal de lycée. Seront-elles accordées ? Comment seront-elles calculées ?
- l'enseignement moral et civique. À quoi servira-t-il vraiment ? Constitue-t-il une réponse adaptée à la crise du vivre ensemble que semble traverser la société ? Qui le fera ? Ne sera-t-il pas une simple variable d'ajustement supplémentaire dans l'organisation des services, quitte à le confier à des collègues qui ne seront ni volontaires ni formés pour cela ?
- Les IMP. Qui en bénéficiera ? Pour quelles missions ? Selon quel périmètre d'application et quel cadrage national ?
- Les SEGPA. De quels moyens disposeront-elles pour assurer leur direction ?
Vous en conviendrez cela fait beaucoup de questions. Et toutes ces incertitudes font que les décisions prises en CA pour organiser la prochaine rentrée seront très vraisemblablement et très rapidement caduques. Dans un contexte général de dépréciation de l'investissement citoyen, est-il judicieux de décrédibiliser l'action et le rôles des CA ? Vous le savez, dans beaucoup d'établissements il devient de plus en plus difficile de trouver des candidats pour constituer ne serait-ce qu'une seule liste. Est-il nécessaire de détourner encore davantage nos collègues de cet acte civique en accréditant l'idée que cette instance ne sert à rien puisque l'on peut tranquillement s’asseoir sur ses décisions. On peut toujours donner des leçons de morale au peuple en fustigeant par exemple l'abstention. Il serait certainement plus efficace de ne pas donner des raisons de préférer la pêche à la ligne à la fréquentation des urnes.
Mais en bons syndicalistes que nous sommes, nous exagérons. Nous avons une vision caricaturale et négative des choses. Soyons honnêtes : il existe malgré tout des certitudes. Parmi lesquelles arrive en bonne place celle-là : les conditions de rentrée ne seront pas meilleures que les précédentes. Loin s'en faut. En dépit des effets d'annonces sur les postes massivement injectés dans l’Éducation nationale et des discours officiels sur l'amélioration des conditions d'enseignements, la réalité du terrain se dessine tout autrement. Ce qui nous attend en septembre 2015 ce sont encore des classes aux effectifs pléthoriques, avec des situations à plus de 31 élèves par division en collèges et plus de 36 en lycée. Ce qui nous attend c'est de nouveau l'impossibilité d'effectuer des dédoublements qui, précisément en raison de la lourdeur des effectifs seraient si nécessaire en collège comme en lycée. Mais le changement, ça commence quand ?
