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Au printemps dernier nous étions plus de 300 à manifester dans les rues du Mans contre la réforme Vallaud-Belkacem. Au regard du périmètre de mobilisation, Il s'agissait là d'un vrai succès.

Et la grève avait été majoritaire, dans la Sarthe, comme partout ailleurs en France. La démonstration du rejet de la réforme de la ministre par la profession était dès lors acquise.

Partant de là, il eut été raisonnable que Mme Vallaud-Belkacem ne campe pas rigidement sur ses positions et qu'elle ne refuse pas d'entendre cette multitude de voix qui lui disaient, sans animosité mais fermement que sa réforme n'est pas envisageable.

Au lieu de cela, et précisément parce qu'elle sentait bien que la pression montait dangereusement, la ministre a choisi, une fois de plus, le passage en force, pour couper, espérait-elle, l'herbe sous le pied au développement d'une mobilisation qui, de jour en jour, mettait en évidence son manque de légitimité.

Les banderoles et les drapeaux avaient à peine été rangés que la Ministre publiait au Journal Officiel les textes concernant la réforme du collège. Éclatant déni de dialogue social auquel ce gouvernement se prétend très attaché ! La ministre poursuivait ainsi cette réforme comme elle l'avait commencée : dans le mensonge et le mépris.

Mauvais calcul, car aujourd'hui, en dépit de toute la propagande ministérielle et de la pression des chefs d'établissement, nous sommes encore là pour clamer haut et fort que cette réforme ne répond pas aux enjeux auxquels elle doit faire face. Pourquoi ?

Parce qu'elle a été entièrement élaboré en 2006 par l'Inspection générale des finances dans le seul but de réaliser des économies budgétaires. Soyons donc clairs : des préoccupations pédagogiques, il n'y en a ici pas un gramme ! Seuls les organisations syndicales étroitement liées au gouvernement peuvent faire mine de le croire. Il n'y a que la volonté de poursuivre et d'amplifier une désastreuse politique d'austérité. Il n'y a que la nécessité de compenser les innombrables et inutiles cadeaux faits depuis 3 ans au patronat, le CICE, pour ne citer que lui, représentant à lui seul plus de 41 milliards d'euros.

Mme Vallaud-Belkacem ne devrait donc pas s'accrocher bec et ongles à cette réforme : ce ne sont ni des spécialistes de l'éducation ni même son ministère qui l'ont conçu. Elle ferait mieux d'écouter ceux, qui comme le SNES et le SNEP FSU sont vraiment porteur d'un projet de démocratisation pour le collège, ceux qui aspirent à des transformations capables de relever les défis de la réussite scolaire pour tous. Mais pour cela, il ne suffira pas d'artifices fallacieux comme une autonomie accrue des chefs d'établissement ou une interdisciplinarité imposée au marteau-pilon. Il ne faut pas se cacher derrière son petit doigt mais admettre une bonne fois pour toutes qu'une amélioration significative du collège passe par l'attribution des moyens nécessaires qui permettraient, par exemple, d'abaisser les effectifs des classes.

Une chose est sûre, la réussite du plus grand nombre ne se fera pas en donnant moins d'école à ceux qui en ont le plus besoin, à ceux pour qui l'école est le seul et unique moyen d'accès à la culture et à la formation. Elle ne se fera pas en réduisant jusqu'à l'indigence l'offre de formation, en faisant disparaître le latin, l'allemand et les sections européennes. Les enfants des classes dominantes pourront toujours avoir accès aux « suppléments d'âme » par les services marchands ; les autres, non !

Cela doit être entendu, le décret d'application de la réforme doit être abrogé et de nouvelles discussions doivent s'ouvrir. Faute de quoi, on aura vraiment l'impression que seuls les chefs d'entreprises ou d'exploitations sont entendus par ce gouvernement.

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