« J’ai cru entendre le discours d’une chenille fumant le houka sur un champignon ou Tom Cruise en plein exposé sur la dianétique. » ou encore j'ai eu le « sentiment gênant de voir une asthmatique jouer du trombone dans une tempête de sable. ». Qu'est-ce qui a provoqué ces réactions aussi peu flatteuses? Les interventions de celles et ceux qui étaient censés éclairer les collègues qui ont déjà subi la première vague de formation à la réforme du collège. Et ces appréciations n'émanent pas seulement de collègues syndiqués à la FSU ; Elles proviennent aussi de collègues non-syndiqués.

Pourtant certains d'entre eux y étaient initialement favorables. Mais ces deux jours de bourrage de crane intensif ont eu raison de leur bonne volonté. Et il leur a fallu constater que tout ce qui émerge du brouet mêlant de fortes doses de dogmatisme et de bons sentiments, c'est « une impression de cynisme odieux » et la conviction que cette réforme tient du « projet prétentieux, alambiqué, déconnecté (des élèves, des professeurs, des établissements), incompréhensible et désagréable ». Une collègue ajoute même « Ce qui m’effraie c’est qu’on ait, à ce point, publiquement, perdu de vue ce qu’était un élève de 6e, ses envies, ses fragilités, son enfance, sa pré-adolescence, son enthousiasme, ses besoins,  ses réflexes, ses manques, son intelligence ». Une seule certitude avec cette réforme, l'activité d'un enseignant sera transformée en « un dérisoire mouvement brownien. Sa vie ne sera faite que de concertations, de validations, d’évaluations variées, de réunions, de mises en commun, d’élaboration de projet, de conseils en tous genres ». Pour le reste, « tout le cadre concret (formation, instances de concertation et de décision, questions de DHG et d’emploi du temps, pouvoirs du principal et du conseil pédagogique, liaison école collège, statut des disciplines...) pue l’impréparation, le déni de réalité ou le piège. »

En effet pour toute réponse à des questions aussi cruciales pour le fonctionnement des établissements à la rentrée prochaine que « Comment doit-on gérer les élèves qui changent d’établissement ? Doit-on les mettre dans une classe à part en fonction des éléments du programme qu’ils ont travaillés l’année d’avant ? »ou « Si les 3h sont utilisées pour financer des groupes dans des disciplines ou en AP, nous n’avons plus d’heures pour financer des co-animations pour les EPI, comment fait-on de l’interdisciplinaire ? Chacun dans son coin ? » nos collègues n'ont reçu que des silences gênés ou un renvoi à des informations ultérieures.

La FSU dénonce cette parodie de formation qui ne fait que révéler l'absurdité du projet et le total manque de réflexion quant à sa mise en œuvre. La FSU dénonce aussi l'imposture qu'il y a à vouloir mettre des stagiaires à travailler en « atelier » quand on n'a pas soi-même la moindre idée de ce qu'il est possible de faire. Elle appelle les collègues à refuser ces simulacres d'exercices qui ne sont au mieux que des manœuvres dilatoires de ceux qui sont censés préparer et organiser ces sessions. Nos collègues sont inquiets, ils ont des questions précises sur le faisabilité et la mise en œuvre de cette réforme. Ils veulent des réponses qui ne soient pas un flot continu d'injonctions contradictoires, de considérations culpabilisantes quand elles ne sont pas purement et simplement méprisantes. La FSU dénonce enfin le caractère autoritaire et arbitraire des désignations de celles et ceux devant participer à cette première vague alors qu'il était question de faire appel au volontariat. En tout état de cause, il est bien entendu que les premiers qui partiront ne se verront pas attribuer la mission de revenir dans leur établissement pour y porter la bonne parole ou pour assister les principaux à mettre en œuvre la réforme. Des engagements ont été pris par les chefs d'établissement. Ils doivent être tenus.