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Ce CTSD consacré à la préparation de la rentrée 2016 dans le second degré intervient dans un contexte tout à fait particulier : celui précisément d'une forte contestation des conditions dans lesquelles aura lieu la prochaine rentrée.

En effet, demain les personnels des collèges et des lycées seront de nouveau en grève pour obtenir l'abrogation de la contre-réforme de Mme Vallaud-Belkacem. Ce sera la quatrième fois depuis le 19 mai. C'est bien le signe, quoiqu'en dise la ministre, que cette réforme ne passe pas.

Pourquoi une telle persévérance dans l'action et une telle détermination ? Parce que dans leur écrasante majorité, les collègues ont bien conscience qu'elle menace fondamentalement le modèle de l’École républicaine, égalitaire et émancipatrice.

Ils ont bien conscience aussi que la mise en place de cette réforme nécessitera une dépense d'énergie colossale pour assurer la même année une transformation radicale de l'organisation du collège, la mise en place en une seule fois de quatre nouveaux programmes, leur fonctionnement par cycles, leur articulation avec de nombreux « parcours », la préparation des EPI et de l'AP, une réforme de l'évaluation, un nombre incalculable de réunions avec leurs collègues du premier degré ainsi qu'avec ceux de leur propre établissement. Et tout cela sans aucune heure prévue de concertation ! Et sans aucune revalorisation salariale. Excusez du peu.

Nos collègues ne sont d'ailleurs pas les seuls à mesurer l'ampleur de la tâche. Les IPR par la voix de leur syndicat majoritaire (le Snia-IPR-unsa) s'en sont eux-mêmes émus pour leur propre compte auprès de la ministre en lui demandant une juste compensation financière. Par ailleurs, un autre syndicat de l'inspection (le Sia), un peu plus altruiste, a aussi alerté la ministre, mais sur la souffrance au travail des enseignants qui était déjà perceptible alors que la réforme n'en est qu'à ces prémices.

Mais nos collègues ont aussi bien conscience que toute cette débauche d'énergie ne servira absolument pas à résoudre la difficulté scolaire. Au mieux, elle ne servira qu'à satisfaire ceux qui pensent que les enseignants ne travaillent pas assez.

Alors oui, la colère et l'inquiétude ne cessent de monter en salle des professeurs. Et ce ne sont pas les prétendues formations à la réforme qui les réconfortent. Ils n'y trouvent aucune réponse à leurs questions concrètes sur la faisabilité de la chose et lorsqu'ils confrontent leurs expériences, ils constatent désarçonnés que d'une session à l'autre les discours ne sont pas les mêmes. Combien d'EPI par an ? Sur quelle durée ? A quoi sert l'AP ? La réponse, quand il y en a une varie selon le formateur. Alors, qui sait ce qu'il faut faire ? Qui sait comment fonctionne cette réforme ? Y a-t-il un pilote dans l'avion ?

Aujourd'hui nous sommes censés aller plus avant dans la mise en œuvre concrète et matérielle de la réforme en abordant la question cruciale des moyens d'enseignement. Depuis plusieurs mois on a tenté d'apaiser les esprits en clamant que la réforme se ferait sans perte de moyens. Au contraire, il y aurait même des moyens supplémentaires grâce à l'apport de 4 000 postes spécialement destinés aux collèges. Or que constate-t-on ? Que dans le meilleur des cas, à effectifs constants, les établissements disposent exactement de la même dotation horaire. Mais alors où sont les moyens supplémentaires annoncés pour faire, à hauteur de 2 h 45 par classe, des dédoublements, de la co-animation et autres merveilles ? Ils ne sont pas là. Et si les 2 h 45 figureront dans les DGH, c'est parce les établissements les auront financés eux-mêmes par la suppression des options et des diminutions d'horaires disciplinaires. Cette réforme a commencé dans le mensonge ; elle se poursuit dans le mensonge et l'escroquerie intellectuelle. Les discours lénifiants ne pourront pas longtemps le masquer.

C'est pourquoi le SNES-FSU appelle, avec l'intersyndicale du second degré, tous les collègues à être demain massivement en grève et en manifestation.

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