Le climat change. La température monte. Le mercure s’affole dans les thermomètres. En l’espace de deux jours, les 20 et 21 juin derniers, les records des températures les plus élevées atteintes lors d’un mois de juin en Sarthe ont été égalés puis battus. Le 20 juin on enregistrait 36,8 ° C, ce qui nous amenait au niveau du 30 juin 1976. Le lendemain le précédent record datant du 27 juin 2011 était largement dépassé avec une température de 37,5 ° C. Et tout cela au moment où l’année scolaire atteint son pic d’intensité avec la préparation du DNB et pendant les épreuves du baccalauréat.

Il fallait donc prendre des décisions pour faire face à une telle situation mettant en danger la santé des élèves et des personnels. Les directeurs d’école et les chefs d’établissement ont reçu des recommandations du directeur académique leur conseillant de garder les élèves dans une ambiance fraîche, de procéder à la distribution régulière d’eau et d’aménager des horaires pour certaines activités en les décalant tôt le matin.
Si on ne peut que louer de telles intentions, on ne peut pas, en même temps s’empêcher de s’interroger sur leur mise en œuvre concrète. Ainsi comment garder les élèves dans une ambiance fraîche à l’intérieur d’un établissement surchauffé mal isolé, équipé de stores bloqués en position haute et bien sur dépourvu de ventilateurs et de climatisation ? A l’issue de la canicule de 2003, il est apparu nécessaire d’équiper les établissements hébergeant des personnes âgées de matériels capables d’établir de la fraîcheur, au moins dans une salle. Peut-être est-il temps de lancer la même campagne pour les établissements scolaires… en souhaitant que cela ne se traduise pas par une deuxième journée de travail gratuit pour les salariés.

Existe-t-il un seul établissement de la Sarthe où l’on ait modifié les horaires en faisant commencer les cours plus tôt, à 7 h 00 par exemple, pour les faire finir plus tôt ? Compte-tenu des contraintes à surmonter, celle du ramassage scolaire, entre autres, il nous est permis d’en douter. Peut-être que l’aménagement le plus efficace eut été de supprimer carrément les cours sans que cette décision difficile à prendre ne relève de chaque chef d’établissement. Comme souvent, la règle commune et clairement énoncée garantit et protège. Depuis quelques temps déjà, en matière économique et politique nous sommes chaleureusement invités à bien considérer le modèle allemand. Soit, mais alors considérons le dans tous ses aspects. En Allemagne, il existe un mot magique qui signifie que l'école est finie quand il fait trop chaud, le mot c'est "Hitzefrei". "Hitze" signifie chaleur et "Frei", libre. En clair on est libre de quitter l'école quand il fait trop chaud. Concrètement, si à 11 heures du matin le thermomètre affiche plus de 25°C dans une salle témoin, les élèves sont libérés. Voilà quelque chose dont effectivement on pourrait s’inspirer.

Il fait chaud ; la pression monte et beaucoup d’établissements sont au bord de l’ébullition. Nous voudrions profiter de cette déclaration liminaire pour attirer, une fois encore, votre attention sur le nombre croissant de collèges et de lycées dirigées par des personnes qui perdent facilement leur sang-froid. La liste finit par être longue des bouffées d’autoritarisme au cours desquels le droit, le respect des textes et des personnels sont tout bonnement perdus de vue. Là aussi, il est grand temps de rafraîchir les ardeurs managériales. Dans bien des endroits les personnels ont eu à souffrir de la fournaise qu’était devenu leur établissement. Il n’est pas nécessaire d’y ajouter l’enfer du harcèlement ou de cuisantes rebuffades. Vous avez su adresser des recommandations aux chefs d’établissement pour faire face à la canicule ; nous attendons que vous en fassiez autant pour qu’ils mettent leurs personnels à l’abri de leurs foudres. Le climat change ; le climat scolaire doit changer aussi.

Enfin, dans ce contexte torride, il faut aussi souligner l’existence d’un phénomène tout à fait extraordinaire car dépassant toutes les lois de la physique réunies ; une chose réussit malgré tout à geler : le point d'indice qui sert de base à la rémunération des fonctionnaires. C'est très fort mais nous n'irons tout de même pas jusqu'à dire que ceux qui sont à l'origine de ce prodige méritent le prix Nobel.