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5 000 manifestant-es au Mans le vendredi 24 janvier, jour de la présentation du projet de contre-réforme des retraites en conseil des ministres, plus d’un million dans toute la France !!!

Edouard Philippe aura beau jeu de déclarer que la grève n’a plus raison d’être, le principe de réalité se rappelle à lui !!! La mobilisation ne faiblit pas, elle s’étend dans de nouveaux secteurs, elle prend de nouvelles formes.

Au Mans la grève des secteurs de la propreté de l’assainissement et des ordures ménagères a débuté lundi 20 janvier au soir, et tiennent depuis un piquet de grève nuit et jour sur le site de la Chauvinière, empêchant les bennes de ramassage des ordures de sortir. Les manifestant-es du 24 ont su rappeler au député En Marche Damien Pichereau tout le bien qu’ils pensent du projet de son parti en laissant un souvenir de leur passage devant sa permanence :

Alors que la colère monte dans le pays, que le soutien au mouvement reste largement majoritaire (61% le 24 janvier) le gouvernement refuse de l’entendre et poursuit son « saut dans le vide » .

L’intersyndicale CGT/FSU/FO/ Solidaires, UNEF, CNT appelle à poursuivre et étendre la mobilisation et invite les salarié-es comme du public à participer aux initiatives ci-dessous :

Mercredi 29 janvier : Journée de mobilisation nationale

7h-8h : Rassemblement devant le lycée Touchard pour dénoncer la contre-réforme du Bac, dont les premières épreuves font l’objet d’un boycott dans de nombreux établissements en France.

12h : Rassemblement et barbecue solidaire devant l’usine Yoplait (patte d’oie d’Allonnes). Départ en manifestation à 13h30.

Jeudi 30 janvier

17h : Rassemblement à 17h place de la Préfecture, pour une action symbolique d’accrochage des outils de travail et retraite aux flambeaux. 

Vendredi 31 janvier

– 18h : Meeting avec Pierre Yves Chanu du secrétariat national de la CGT et Bruno Ledever du secrétariat national de la FSU, suivi d’un débat et d’un apéritif solidaire.

Salle du Royal, 409 av. Felix Geneslay.

Samedi 1er février

14h : action de popularisation de la lutte, place de la République

Participez et diffusez ces informations autour de vous, c’est tous-tes ensemble que nous gagnerons !

Ci-dessous une tribune de Jacques Rancière, philosophe, publiée le 16 janvier dans le journal « Le Monde » qu’il a lue devant les cheminots grévistes de la gare de Vaugirard.

Jacques Rancière : « Les puissants ne veulent plus d’une retraite qui soit le produit d’une solidarité collective »

Si je suis là aujourd’hui, c’est, bien sûr, pour affirmer un soutien total à une lutte exemplaire, mais aussi pour dire en quelques mots pourquoi elle me semble exemplaire.

J’ai passé un certain nombre d’années de ma vie à étudier l’histoire du mouvement ouvrier et ça m’a montré une chose essentielle : ce qu’on appelle les acquis sociaux, c’est bien plus que des avantages acquis par des groupes particuliers, c’était l’organisation d’un monde collectif régi par la solidarité.

Qu’est-ce que c’est que ce régime spécial des cheminots qu’on nous présente comme un privilège archaïque ? C’était un élément d’une organisation d’un monde commun où les choses essentielles pour la vie de tous devaient être la propriété de tous. Les chemins de fer, cela appartenait à la collectivité. Et cette possession collective, elle était gérée aussi par une collectivité de travailleurs qui se sentaient engagés vis-à-vis de cette communauté ; des travailleurs pour qui la retraite de chacun était le produit de la solidarité d’un collectif concret.

Démolir pièce à pièce

C’est cette réalité concrète du collectif solidaire dont les puissants de notre monde ne veulent plus. C’est cet édifice qu’ils ont entrepris de démolir pièce à pièce. Ce qu’ils veulent, c’est qu’il n’y ait plus de propriété collective, plus de collectifs de travailleurs, plus de solidarité qui parte d’en bas. Ils veulent qu’il n’y ait plus que des individus, possédant leur force de travail comme un petit capital qu’on fait fructifier en le louant à des plus gros. Des individus qui, en se vendant au jour le jour, accumulent pour eux-mêmes et seulement pour eux-mêmes des points, en attendant un avenir où les retraites ne seront plus fondées sur le travail mais sur le capital, c’est-à-dire sur l’exploitation et l’autoexploitation.

C’est pour ça que la réforme des retraites est pour eux si décisive, que c’est beaucoup plus qu’une question concrète de financement. C’est une question de principe. La retraite, c’est comment du temps de travail produit du temps de vie et comment chacun de nous est lié à un monde collectif. Toute la question est de savoir ce qui opère ce lien : la solidarité ou l’intérêt privé. Démolir le système des retraites fondé sur la lutte collective et l’organisation solidaire, c’est pour nos gouvernants la victoire décisive. Deux fois déjà ils ont lancé toutes leurs forces dans cette bataille et ils ont perdu. Il faut tout faire aujourd’hui pour qu’ils perdent une troisième fois et que ça leur fasse passer définitivement le goût de cette bataille.

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