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Les apparences peuvent être trompeuses. Ces derniers jours, nous avons vu défiler sur nos écrans une avalanche d’images montrant un Samuel Paty gratifié de tous les honneurs de la République et salué par tous les membres importants du gouvernements, ministre de l’Education nationale en tête.

Ça c’est pour la partie éclairée de la scène. Mais il y a aussi les coulisses et l’envers du décor. Et quand on y accède, on découvre une réalité d’une toute autre nature.

Il s’agissait donc de commémorer le premier anniversaire de l’assassinat d’un collègue mort pour avoir exercé son métier dans le strict respect des directives institutionnelles. A priori, quoi de plus facile que de planifier et d’anticiper un anniversaire ? Et bien malgré tout, la tâche semble encore trop ardue pour notre administration qui n’a informé les chefs d’établissements de la nécessité d’organiser cette cérémonie que le vendredi précédent. Sachant qu’aucune consigne précise n’était donnée, ministère et rectorat renvoyant l’organisation concrète, comme d’habitude, au local, les personnels de direction n’ont pu à leur tour commencer un travail de concertation avec les équipes que le lundi 11 octobre, soit seulement cinq jours avant l’hommage. Nous laissons imaginer la fébrilité, la hâte, l’improvisation pour ne pas dire le bricolage approximatif qui ont présidé à cette élaboration. Tant et si bien qu’un nombre non négligeable d’établissements n’ont pas été en mesure de préparer quoique ce soit.

On voit là toute l’attention que le gouvernement et, en particulier M. Blanquer, a porté à la mémoire de S. Paty. à un point tel que l’on se demande même si la fin tragique de notre collègue et la laïcité n’ont pas été instrumentalisés à des fins électorales à l’heure où la campagne semble se focaliser sur la réponse à ce qui serait le seul et unique problème : l’immigration. L’important n’aurait-il pas été finalement de pouvoir faire de jolies images montrant un gouvernement plus ferme que jamais envers l’islamisme ?

Là où « l’Ecole de la Confiance » et « les valeurs de la République » ne sont que de la communication politique, S. Paty, comme ses 850 000 collègues, devait pour son métier être tolérant et installer la liberté d’expression dans sa classe : que les élèves puissent dire des erreurs et parfois des horreurs, sans être jugés, mais accompagnés pour pouvoir progresser ensemble. Son assassinat résonne ainsi singulièrement parmi les professionnels dont le travail est de construire une relation de confiance dans la classe. Et cette année encore, M. BLANQUER, héraut de la bienveillance, leur refuse la possibilité de se retrouver pour un hommage propre, de pairs à pair.

Décidément Samuel Paty, son action pédagogique et la promotion de la démocratie méritaient mieux que ces cérémonies bâclées et préparées à la « va-vite ».

Le Kiosque

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