Les bracelets connectés suscitent la méfiance

En juin, le conseil départemental a annoncé vouloir équiper les 8 000 élèves de 6e de bracelets connectés. L’absence de concertation et une communication plutôt floue ont fait réagir.

La semaine dernière encore, la rumeur courait que les « bracelets connectés étaient purement et simplement enterrés ». Ces objets dont le conseil départemental de la Sarthe a annoncé, en juin, vouloir équiper tous les élèves de 6e des collèges publics et privés sarthois.

En raison d’une communication assez floue, ce « gadget », qui n’était censé qu’inciter les collégiens à bouger, a focalisé attention et suspicion. Laissant dans l’ombre le programme Sport-santé de prévention et de promotion de l’activité physique .

Craintes de dérives

Au sein même du conseil départemental, l’opposition déplore « l’absence de débats préalables, de concertation avec les familles et les enseignants d’EPS, le manque de transparence sur l’usage des données ». Et s’interroge : « Quel bilan écologique de ces montres fabriquées à l’autre bout du monde et qui finiront très probablement dans un tiroir ? N’y avait-il pas d’autres priorités pour la jeunesse et leurs familles ? »

Fâchée d’avoir été tenue à l’écart, la FSU s’interroge sur le projet et parle d’« impréparation ». « A-t-on envisagé les dérives les plus évidentes comme la sécurité numérique et la stigmatisation des élèves ? »

Pour Antonin Bezannier, du SNEP-FSU (syndicat majoritaire des enseignants en EPS), « On n’a pas besoin d’un bracelet connecté pour savoir que les élèves manquent d’activité sportive. Ce qu’il nous faudrait, c’est quatre heures d’éducation physique par semaine en collège (seuls les 6eles ont. Ensuite, ce ne sont que 3 h et 2 h seulement au lycée). Mais aussi de nouvelles installations sportives et plus d’équité ».

La FCPE, principale fédération de parents d’élèves, le rejoint sur ce point : « Croire que les technologies connectées remplaceront l’enseignement et l’éducation à la santé est une erreur. » Et pose la question : « Est-il nécessaire d’avoir une montre connectée ? »

Laurence PICOLO, lundi 26 septemre 2022, Ouest-France