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Parcoursup : comment sont choisis les candidats

Orientation. Alors que la phase d’admission démarre ce jeudi, avec les réponses envoyées aux lycéens, des responsables de commissions pédagogiques expliquent comment ils procèdent.

« On a hâte de recevoir la nouvelle promo. » La date limite pour transmettre à Parcoursup les listes des candidats choisis vient à peine de passer que Cécile Lecomte anticipe déjà la rentrée de septembre. La vice-présidente de l’université de Rennes est responsable du recrutement des futurs étudiants. Elle chapeaute les commissions pédagogiques chargées d’éplucher les 87 000 candidatures envoyées sur la plateforme d’admission post-baccalauréat.

Les places sont au nombre de 3 900 en première année de licence, à répartir dans les cinquante-quatre formations répertoriées de l’institution bretonne. « Et ce sont des humains qui sélectionnent, pas des algorithmes, insiste l’universitaire. Évidemment, on ne peut pas classer autant de dossiers à la main, donc on s’appuie sur un outil d’aide à la décision qui permet d’établir un pré-classement. Il est programmé par les professeurs qui définissent les critères requis, notamment les notes. »

Pour certains parcours, commeles licences de philosophie, de physique-chimie, de mathématiques ou d’informatique, il n’y a pas de jauge maximum. « Pour autant, nous communiquons le classement aux postulants pour qu’ils se situent. Notre enjeu est d’accueillir des étudiants qui ont le plus de chances de réussir, et de ne pas mettre des gens en échec. »

Des « moyennes maison »

Pour d’autres parcours, comme ceux en droit, une filière en tension en Ille-et-Vilaine, certaines places sont chères. « On a des parcours très sélectifs, et la licence de droit classique qui l’est moins. Au total, on a besoin de faire six classements », décrypte Marie Gayet, qui préside la commission d’examen des vœux à l’université de Rennes pour ces diplômes.

Avant de mettre le nez dans les CV, elle fixe avec ses collègues « une moyenne maison», soit un niveau académique requis pour un premier écrémage des 5 700 candidatures envoyées. Les notes du bac de français, d’histoire-géographie, de philo et de spécialités pour le contrôle continu sont particulièrement scrutées. « Pour la licence de droit, on a un taux d’accès de 56 %, avec une liste d’attente, poursuit la maîtresse de conférences. Mais on ne peut pas toujours se baser uniquement sur les notes. On examine aussi les dossiers atypiques. Des élèves aux profils différents, passés par des lycées technologiques par exemple, ou avec une scolarité à l’étranger. »

Pour certains aspirants, « malgré des faiblesses, on voit du potentiel, et donc on peut aussi les choisir. En regardant la lettre de motivation notamment », ajoute Marie Gayet.

« C’est bien l’humain qui recrute »

Un élément également primordial aux yeux de Régis Fleurquin, qui dirige la commission de recrutement des étudiants en BUT Informatique à l’IUT de Vannes (Morbihan). Tout comme les appréciations des professeurs : « Avec ces éléments, on va accorder des bonus ou des malus à des candidats, qui vont remonter ou descendre dans nos listes, explique celui qui a créé un site pour aider les lycéens à s’orienter et se préparer aux étapes de Parcoursup. Il arrive aussi qu’on rejette des dossiers, en cas de problème de comportement ou parce qu’on estime que le projet de l’élève n’est pas cohérent avec notre formation. Des élèves moyens peuvent remonter si on sent une réelle motivation. C’est bien l’humain qui recrute. »

Quels sont les profils privilégiés par l’enseignant, qui en étudie plus de 1 500 chaque année pour quatre-vingt-six places ? « Nous cherchons plutôt des matheux ou des élèves venant de filières scientifiques ou technologiques. Un bon candidat a suivi une voie de bac avec les attendus minimums pour être capable de suivre nos enseignements. »

Johan BESCOND.

Calendrier du bac modifié : quelles conséquences ?

Le changement de calendrier du bac, avec le retour des épreuves de spécialités en juin (organisées en mai l’année dernière), a-t-il eu un impact sur leur manière de procéder ? Car avec ce rétropédalage du gouvernement, ces notes ne sont plus comptabilisées dans les dossiers, contrairement à un an plus tôt : « Par le passé, nous n’avions pas ces données, donc on est revenu à l’ancienne méthode », répond Marie Gayet à la fac de droit rennaise, pas vraiment inquiète.

Mais une problématique demeure : les notes obtenues dans un lycée de réseau d’éducation prioritaire valent-elles celles d’un élève scolarisé dans un établissement huppé, souvent privé ? « Le principe de comptabiliser les notes de spécialités du bac dans les dossiers supposait qu’elles soient totalement harmonisées, resitue la professeure de droit. Or, pour des questions de calendrier, des bacheliers passaient parfois deux épreuves différentes pour une même spécialité. Donc ce modèle n’était pas parfait. »

« Éviter l’effet lycée »

À l’IUT de Vannes, Régis Fleurquin, lui, rappelle que ses équipes sont habituées aux aléas des décisions politiques : « Donc on adapte nos algorithmes locaux dans l’outil d’aide à la décision, précise le professeur en informatique. Malgré des épreuves parfois distinctes, ces notes du bac étaient importantes pour le pré-classement. Grâce à une harmonisation nationale, les résultats reflétaient mieux le niveau des candidats. Avec le contrôle continu, nous n’avons plus cette garantie d’équité et le risque d’injustice augmente. On sait que des établissements ont une politique de notation très généreuse. »

Dans une interview à Ouest-France en janvier, la ministre de l’Enseignement supérieur Sylvie Retailleau avait assuré qu’elle « travaillait » avec le ministère de l’Éducation « sur des pistes pour éviter » cet « effet lycée ».

J. B.

Ouest-France, 29 mai 2025

Commentaires du SNES-fsu 72 : nous attirons tout particulièrement l'attention sur les deux derniers paragraphes qui mettent en évidence les problèmes d'inéquité introduits par la suppression de l'introduction du contrôle continu pour dans le calcul du baccalauréat. Dès le départ le SNES-fsu avait alerté sur ce risque.

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