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Présenté, mardi, aux représentants de parents, syndicats et élus, le projet de nouvelle sectorisation des collèges du Mans a été refusé à la majorité.

Réuni mardi en préfecture du Mans, le Conseil départemental de l’Éducation nationale (CDEN) s’est prononcé à la majorité contre le projet de sectorisation des collèges du Mans, présenté par Anthony Trifaut. L’élu chargé des questions d’éducation au sein du Département, ne cache pas sa déception estimant qu’un « bon travail de préparation a été effectué » et qu’il a « tenu compte des critiques et propositions émises lors des concertations ».

Anthony Trifaut rappelle que le conseil départemental s’est emparé de ce dossier « à la demande de collèges en baisse d’effectifs et craignant de perdre des moyens. Mais aussi d’établissements qui, au contraire, étaient trop à l’étroit et nous demandaient de nouveaux locaux. »

« L’exemple de Pierre-Gilles de Gennes »

Sachant qu’en agissant sur un secteur, d’autres seraient impactés. « Nous avons pris les collèges du Mans dans leur globalité, en intégrant un travail sur la mixité sociale. Pierre-Gilles de Gennes en est un très bon exemple, avec un meilleur remplissage et une plus grande mixité. » Les projets d’urbanisation de la ville du Mans (comme les 2 500 habitants attendus dans le quartier Etamat-Paixhans) ont également été pris en compte.

C’est à Albert-Camus, « collège pivot par sa situation géographique », que les modifications de recrutement seront les plus importantes : « Une vingtaine d’enfants concernés à la prochaine rentrée. »

1 % des effectifs concerné

Les ajustements ne toucheront que 11 des 14 collèges du Mans : Costa-Gavras, le Vieux Colombier et Tolstoï ne bougent pas. Aussi, « 1 % seulement des effectifs, uniquement des élèves de 6e, soit environ 90 familles, connaîtront un changement. »

La « double sectorisation » proposée aux familles de Ruaudin, qui auront le choix entre Bérengère de Navarre et le collège Bollée de Mulsanne, suscite des inquiétudes sur l’avenir du collège manceau. Anthony Trifaut y voit lui « un moyen de limiter les fuites vers le collège privé de Téloché, en laissant le choix entre deux établissements publics ».

Décision votée en décembre

Même négatif, l’avis du CDEN n’est que consultatif. Anthony Trifaut présentera son projet tel quel en décembre à la commission permanente de l’assemblée départementale. Si cette dernière le vote, la nouvelle carte scolaire des collèges sera transmise à l’inspection académique. Charge à elle d’en aviser les collèges concernés afin qu’ils puissent en informer les familles d’écoliers de CM2.

Des ajustements dans 11 des 14 collèges

Partie du secteur L’Épine, située à l’est de la rue Henri-Denis et au nord de la rue Sieyès : transfert vers la Madeleine. Partie du secteur L’Épine, située au sud de la route de Laval, de l’avenue Olivier-Messiaen et de l’avenue Rubillard et à l’est du boulevard Patton : transfert vers Ambroise-Paré. Partie du secteur J. Baker située au nord du boulevard Glonnières : transfert vers Pierre-Gilles-de-Gennes. Partie du secteur J. Baker située au sud de la rue Robert-Collet et à l’ouest de la rue de Ruaudin : transfert vers Bérengère-de-Navarre. Partie du secteur Camus située au sud de l’Huisne : transfert vers Pierre-Gilles-de-Gennes. Partage de la commune de Ruaudin entre Bérengère-de-Navarre et le collège Bollée de Mulsanne. Partie du secteur A. Fournier située entre la voie ferrée et le boulevard Winston-Churchill : transfert vers A.-Camus. Partie du secteur Berthelot située à l’est de la rue Chanzy : transfert vers R.-Vercel. Partie du secteur J. Weismann située au nord de la rue d’Isaac, à l’ouest du parc de Verdigné, à l’ouest de la rue Renan et du boulevard Pablo-Neruda : transferts vers R. Vercel.

Les raisons d’un triple « non »

 Christophe Counil, le chef du groupe d’opposition au conseil départemental de la Sarthe le reconnaît : « On était prêt à batailler pour faire modifier leur projet de répartition qui à nos yeux, envoyait les élèves défavorisés vers des établissements pauvres, et ceux des classes moyennes vers les collèges aisés ».

Et puis, surprise lors de la dernière réunion de concertation : « Ils avaient retiré tous les points qui posaient problème. À l’exception de Ruaudin, où là, ils créent un précédent inacceptable ». C’est ce qui a motivé le vote contre le projet de carte scolaire, mardi soir. Christophe Counil « ne comprendrait pas que le conseil départemental passe outre » cet avis.

« Manque de respect » pour la FCPE

Les parents d’élèves de la FCPE ont aussi voté contre en raison d’un « manque de respect pour la mixité sociale ». Et de citer l’exemple du collège Camus (qui fait l’objet d’un Contrat local d’accompagnement) et mériterait plus de respect dans sa diversité de public que ce qui est proposé ».

Fabian Estellano, le vice-président, s’indigne aussi pour ces jeunes qui vont devoir partir du collège à une rue de chez eux pour un établissement éloigné, voire à distance de bus, « comme c’est le cas pour Berthelot et la rue de la Mariette ».

Il s’étonne aussi du « remplissage » de certains collèges pour en vider d’autres. C’est le risque selon lui « fermeture potentielle dans plusieurs années ».

Pas assez de consultations pour la FSU

Pour le syndicat FSU aussi, c’est non. Marianne Masson s’en explique : d’abord « la précipitation » avec laquelle le projet a été lancé et sur « lequel on doit se prononcer alors que toutes les consultations n’ont pas eu lieu. Des profs ne sont pas au courant ». Elle dénonce aussi des « projections d’effectifs basées sur des chiffres d’occupation maximale prévus par les architectes. Et qui sont bien supérieurs à ce qui acceptable pour y vivre ». Elle s’inquiète de l’avenir de Joséphine-Baker : « On n’a pas l’assurance qu’il n’y aura pas de fermeture de collège dans les prochaines années. »

Laurence PICOLO.

Ouest-France, jeudi 16 novembre 2023

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