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Douze collègues ont répondu à l'invitation du S2 72 de participer à un stage de formation syndicale sur le thème de « l'évaluation des élèves ». Cette journée était en grande partie animée par notre camarade Xavier Hill, TZR en SVT dans la Sarthe, membre du bureau départemental du SNES-FSU et impliqué dans le secteur « contenus » du SNES au niveau national.

Dans un premier temps Xavier a dressé l'inventaire des différentes formes d'évaluation. Car s'interroger sur l'évaluation consiste d'abord à se demander quel est le type d'évaluation qui correspond le mieux à l'acte pédagogique envisagé : former, faire un bilan des acquisitions ou certifier. Chaque situation appelle une réponse différente et une construction particulière qui peut déboucher ou non sur une note.

L'évaluation formative pourrait par exemple se concevoir sans note. Il s'agirait surtout de faire percevoir à l'élève les facteurs d'insuccès, d'indiquer les voies de progression et d'encourager l'élève en positivant la copie. Mais en dehors du fait que nous avons assez peu de temps pour ce type d'évaluation, il faut aussi reconnaître que renoncer à la note s'est se priver et priver l'élève d'un instrument de positionnement subtil, en tous cas plus subtil que le tout ou rien de « l'acquis : non-acquis ». Notons au passage que ce type d'appréciations n'a guère de significations, un élève n'ayant jamais totalement rien acquis ni tout acquis. Et le fait de rajouter un « en cours d'acquisition » ne change rien à l'affaire, les deux bornes ne concernant personne, c'est la vaste zone où tout le monde pourrait se retrouver.

Par ailleurs, évaluer sans note ne signifie pas que l'on n'évalue que des compétences et certainement pas des compétences élémentaires. Ce qui est peut-être envisageable à l'école primaire ne l'est plus dès la première année du collège. Ce qui est demandé à partir de la sixième est toujours une combinaison de connaissances et de savoir faire et une superposition d'interprétations à des compétences de bases. Aussi vouloir évaluer la seule compétence « lire un graphique » n'aurait aucun sens car la lecture d'une courbe ne vaut que par la connaissance du contexte qu'un élève peut en avoir. A ne pas vouloir tenir compte de cela on court le risque de ne considérer les savoirs scientifiques que comme de simples prétexte à une simple mécanique et de faire passer les moyens pour des fins.

La dernière partie de la journée a plutôt été animée par les deux co-secrétaires départementaux du SNES. Elle a été consacrée à la mise en évidence des enjeux syndicaux que l'on retrouvait derrière ces différents choix. Car l'évaluation des élèves n'est pas qu'un acte technique qui serait totalement neutre. Il a des présupposés qui reflètent des choix de sociétés et différentes conceptions des finalités de l'école. Le socle commun et le livret personnel de compétences sont ainsi sous-tendus par une vision utilitariste de l'école défendue par l'OCDE et qui ne l'envisage que comme un moyen d'adaptation des futurs adultes aux besoins d'adaptabilité et de flexibilité des entreprises.

Le modèle d'évaluation vers lequel on voudrait nous emmener a également un impact sur la définition de nos missions et sur de possibles modifications de statut. Mettre en avant les compétences transversales (qui en définitive sont fort peu nombreuses), c'est nier l'ancrage disciplinaires de nos métiers et ouvrir encore plus grand la porte aux échanges de services entre le premier et le second degré. C'est même totalement faire voler en éclat l'unité du second degré.

Enfin le mode d'évaluation a des répercussions directes sur nos conditions de travail. Tous ceux qui se sont lancés dans l'évaluation intégrale par compétences ont constaté à quel point cela pouvait être chronophage du fait de la lourdeur de la procédure et du nombre de réunions nécessaires à sa mise en place. Ceci doit nous maintenir en alerte, surtout dans une période où nos salaires réels reculent !

 

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