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Garage-école », quand les acteurs publics favorisent le privé

 Communiqué de presse du SNES-FSU 72 en date du 15 décembre 2022 transmis à Ouest-France et au Maine Libre

Ces quelques lignes pour réagir à l’article paru dans vos colonnes le 15 décembre pour relater l’inauguration du garage-école d’Allonnes le 14 décembre 2022 :

« Depuis plusieurs mois est annoncée dans la presse locale l’ouverture imminente, mais longtemps repoussée, d’un « garage-école » à Allonnes. Les concepteurs de ce projet « privé » insistent sur le fait qu’il ne rentre pas en concurrence avec l’enseignement public mais que cette initiative répond à la nécessité de faire face à la pénurie de réparateurs dans le milieu de l’automobile.
Or cette insistance est suspecte quand on sait que cette supposée pénurie n’est pas due à une forte augmentation de la demande de main d’œuvre mais à un manque de postulants. En effet, à quelques kilomètres de là, le lycée polyvalent Le Mans Sud a actuellement du mal à recruter sur des formations identiques à celles qu’envisage d’ouvrir immédiatement et à termes l’autoproclamé « garage-école ». Les initiateurs du projet envisagent ainsi de former, dans un premier temps, une quinzaine d’apprentis qui pourront aller jusqu’au CAP grâce à une formation de deux ans. Mais ils n’excluent pas de ne pas s’en tenir qu’à la seule formation « maintenance des véhicules de particuliers » et ne s’interdisent pas à l’avenir d’en ouvrir également dans des domaines comme la carrosserie, les poids lourds, la moto… Ou même en dehors des métiers de la mobilité. Ce qui est sûr, c’est que le garage-école souhaite, d’ici deux ans, ouvrir également un bac professionnel. Autrement dit on retrouve là toute la palette des formations dispensées au LPO Le Mans Sud. Il n’est pas jusqu’à la formation « mécanicien de compétition » déjà proposée dans l’établissement public en partenariat avec Suzuki que l’école allonnaise entend reprendre à son compte. La crainte de difficultés de recrutement accrues pour le LPO Le Mans sud se confirme quand on apprend que l’objectif de la structure privée est d’atteindre 45 élèves d’ici deux ans.

En outre, quand on sait que l’un des « partenaires » de cette école d’apprentissage, Motul pour ne pas le citer, était le partenaire du « Junior team Suzuki », support de la formation « mécanicien de compétition » au LPO Le Mans Sud et qu’il ne l’est plus ; quand on sait que ce soit disant projet innovant a purement et simplement pompé l’idée du « garage école » au même LPO Le Mans Sud dont c’est le mode de fonctionnement depuis des décennies ; quand on sait tout cela, on ne peut pas s’empêcher de penser que le futur « garage-école » d’Allonnes n’est qu’un décalque des ateliers du LPO LMS qu’il entend torpiller après l’avoir siphonné de ses concepts et de ses financements, y compris publics. Car cette structure de type privé est en fait sur une approche de financement public-privé … où les fonds sont majoritairement publics. En effet l’important budget de financement est partagé entre, d’un côté, l’État, la Région, le département et l’agglomération (50 %), d’un autre côté, les entreprises (25 %) et les prestations facturées aux clients du garage (25 %). Les 50 % de fonds publics dans le budget annuel de l’école d’apprentissage représentent la coquette somme de 750 000 €. Autant d’argent qui ne sera pas investi dans l’enseignement public.

Les rapports ambigus entre cette structure privée et le modèle public ne s’en tiennent pas là. En ce qui concerne l’organisation pédagogique, Victor Mahalin précise : «tout aura lieu sur site, 70 % d’atelier et 30 % de théorie dans une classe que nous avons aménagée. Les diplômes obtenus sont reconnus par l’État comme dans une école ou un centre d’apprentissage ». « La formation est totalement gratuite pour nos élèves apprentis comme pour une scolarité publique, ceci grâce au soutien de nos partenaires », précise Bertrand Corbeau.
Les initiateurs du projet le martèle donc : ce qu’il y aura chez eux sera finalement "comme une scolarité publique". Mais pourquoi ce besoin de se référer au modèle de l'éducation nationale que par ailleurs on entend torpiller ? Aurait-il donc encore la moindre valeur ? A moins que l'on ne parle ici du futur modèle de l'enseignement professionnel répondant totalement aux desiderata entrepreneuriaux : adoption du modèle de l'apprentissage, doublement des temps de stages, formation calquée sur les attentes immédiates des entreprises de proximité et enseignements généraux réduits à la portion congrue du strict nécessaire pour l'emploi désigné. Et si le « garage école » nous donnait à voir en avant première l'avenir du LPO Le Mans Sud qui fête ses 50 ans : après l'automobile, la fermeture du BTS Europlastics et composites voulue par la Région se fera-t-elle aussi au profit d'une école de production ?

Sources : Ouest-France du22/04/22, Le Maine Libre (site web, 6/10/22), Ouest-France du 15/10/22

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