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Le ministre de l’Éducation nationale veut relever le niveau des élèves en maths et en français, jugé insuffisant. Il annonce des « réformes rapides » pour la fin du primaire et la classe de 6e.

Quel constat ?

Si le niveau des élèves de fin de CM2 s’améliore, des lacunes persistent dans l’écriture, la lecture et le calcul. « À l’entrée en 6e, 27 % des enfants n’ont pas le niveau en français, 33 % en mathématiques. À peine un élève sur deux sait lire avec aisance. La dégradation de l’orthographe est préoccupante », juge le ministre. Avec la même dictée, un jeune de CM2 faisait dix fautes en 1987 ; il en fait vingt aujourd’hui.

Quelles nouveautés en primaire ?

Dès ce mois de janvier, consigne va être donnée aux professeurs de CM1 et CM2 de donner plus souvent des dictées, des rédactions, des exercices de calcul mental. Par ailleurs, dès septembre, tous les élèves de CM1 passeront des évaluations nationales en français et mathématiques. Objectif ? Donner aux enseignants « des repères pour éviter que des difficultés ne s’installent ».

Quelles innovations en 6e ?

À la rentrée 2023, chaque nouveau collégien bénéficiera d’une heure par semaine de soutien ou d’approfondissement en maths ou en français, en petit groupe. « De quoi remédier aux difficultés des plus fragiles et cultiver l’excellence des plus à l’aise. »

Originalité : ces heures seront assurées par des professeurs des écoles. « Ils ont les savoirs et pratiques pour cela, estime Pap Ndiaye. On aura ainsi une transition plus douce entre le primaire et le secondaire. » Autre nouveauté : le dispositif « devoirs faits » va devenir obligatoire en 6e. Chaque élève fera ses devoirs au collège. « Cela réduira les inégalités », assure le ministre.

Et pour les autres niveaux ?

Pap Ndiaye ne compte pas s’arrêter à la 6e. Il veut lancer « une concertation » sur l’évolution de la 5e, de la 4e et de la 3e. Aucun tabou ici. Même le diplôme du brevet pourrait être révisé s’il le faut.

Quoi de neuf pour les enseignants ?

Le ministre confirme l’instauration, à partir de septembre, d’une rémunération plancher de 2 000 € net par mois pour tout professeur. Des revalorisations sont aussi prévues, sous forme de primes, pour les enseignants s’engageant dans l’orientation des collégiens et lycéens, assurant des remplacements de courte durée, faisant de la formation continue… Suffisant pour rendre le métier attractif ? Pas sûr. « D’autres sujets, liés à la carrière, sont à traiter. » Pap Ndiaye confirme la pénurie de professeurs et la forte baisse du nombre de candidats aux concours de recrutement.

Que disent les syndicats de la réforme ?

Jean-Rémi Girard, président du Snalc, parle davantage « d’une usine à gaz » que d’une réforme. « Ce que nous demandons, c’est une heure de français et une heure de maths en plus pour tous, en petits groupes, dispensées par des enseignants du collège. »

Pour Sophie Vénétitay, secrétaire générale du Snes, « ce ne sont que des mesures cosmétiques, après trois mois de teasing. Personne ne sait comment s’organisera et sera financée cette heure de soutien. » Le Snes réclame, lui, une diminution des effectifs en 6e. « Vingt-six ou vingt-huit élèves par classe, c’est trop lourd. »

Yves-Marie ROBIN.

Jeudi 5 janvier 2023, Ouest-France

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